Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
JULIEN MIGNOT — PHOTOGRAPHE
24 janvier 2015

AUTUMN 2014

02_6687-11a-PARIS

33_6285-32a-AUVERGNE

Et puis les petites fissures que l'on porte comme autant de parures, craquellent. Les âges tombent, des lambeaux de cire escamotent des anglaises qui ne pendent plus qu'à un fil. Le silence de l'eau frémit. Et tout arrive. Sans compter. Sans crier, le train hagard pousse les fantômes de demain et cantonne le passé sur des rails insécables. C'est par la tranche que la vie passe. C'est dans des palaces de poches que s'écroulent les châteaux espagnols. On braque des langues allemandes, on mijote des plats avec des cuisinières en chef, on peint sur soie sous des draps de lins, on se déshabille avec style, et rien. La carcasse nue, ligne sur plan surgi du néant, de la cuisse et des ronds dans l'eau pour figer la douceur. On compile des mots côte-à-côte, on fabrique des cages thoraciques pour comprimer le pouls morne d'une pulsation contée qui s'emballe. Et la toux se bloque. Chassés les démons chastes d’un revers de la quinte. C’est le retour au goulot de rasades vitales qui tremblent en se déversant droit dans le corps. Je devrais m'arrêter et me dire tout bas ce que l'on ne doit plus s’écrire dès aujourd'hui.

///

Les inondations allaient bon train dans le sud. Les torrents mus sur des rails emportaient tout sur leur passage. Les panneaux, les véhicules, les buttes, et charriaient aussi parfois des corps. Plus de saison. Les calendes sonnent le rappel moins que le ciel atone qui baisse à vue d'œil. En entrouvrant les rideaux ce matin, j'ai constaté qu'ils n'occultaient que partiellement la lumière fragile qui ne perçait pas. Une lumière blanche ou au moins très pâle rasait le sol et touchait le ciel déjà bas d’un horizon déjà proche, c’était la nuit le jour. L'air était chargé de particules qui annonçaient l'épaisseur de l'hiver. Le froid enroule chaque corps et fissure chaque vêtement mal braillé en glissant des lames sur la peau. La bise claque les joues sans prévenir.

///

Le son qui m’a rassuré par-dessus les cliquetis de la pluie, c’est celui des notes légères du briquet Zippo que Benjamin dégaine comme un médecin son stéthoscope.

///

Ce que je retiens de l’automne, ce sont des formes et des perspectives qui ondulent vaguement et tremblent même parfois comme on frissonne quand le froid s’empare des chaires. Le mercure se jouait de la gravité, et c’est moi qui grelotait en essayant d’ajouter des couches intérieures, de parfaire l’isolation en imitant l’oignon. Mais finalement j’avais mes raisons. J’ai passé des grasses mâtinées dans des placards germaniques jouant l’amant sans Margueritte. J’ai dormis sur des méridiennes d’équerre, il y avait dehors des vélos sans hirondelles et la nuit tombante, comme si l’azur n’était qu’une cicatrice dont la mue en lambeau nous permettrait d’entrevoir le noir. Il y avait les températures indiennes qui offraient la chance de squatter le béton des passages comme refuge, comme défonce, comme base. L’automne se sont des bandes de bitume en pointillés enneigés qui témoignent d’une volonté de départ, mais je ne suis qu’un voyageur immobile. D’une virée tyrolienne je n’ai rien rapporté qu’un vibrant violoniste chauve accompagné d’un cymbaliste. Le reliquat capillaire était coquet, long. La fripe du frac casait la caste et trahissait une prestance désinvolte. Autour, des manteaux plus longs encore étaient fourrés de nostalgie. L’élégance passée ne laisse transpirer que l’apparat. Et s'il en est qui garantissent encore un certain chic, ce ne sont pas ceux qui regardent mais ceux qui font. Les bons faiseurs. Les grandes maisons.

Puis les fêtes, petits écueils familiaux, sont arrivées, le froid, presque la neige, et mon échine, croisant sur la route, a crissé. Des croissants de lune étaient programmés pour le petit déjeuner. Le ciel, les couleurs rentraient en raies dans mon fort intérieur. L’automne est à nuancer.

- les images -

 

//Dense \\

 

The Crystal Ark – Rhodes

The War on Drugs – Red Eyes

Jorge Ben – Take It Easy My Brother Charles

Sinkane – How We Be

Peaches – Take You On

Georges McRae – Rock Your Baby

DBFC – Leave My Room

Belle and Sebastian – Sleep the Clock Around & The Rollercoaster Ride

The Rolling Stones – Melody

Temples – The Golden Throne

Caribou – Can’t Do Without you

FKA twigs – Two Weeks

The Knife – A Tooth For an Eye

Prince – Time

Flavien Berger – Ocean Rouge

Jackson And His Computerband – Dead Living Things

The Turtles – You Showed Me

Don Paulin – Ananas

Roots Manuva – Baptism

McFadden & Whitehead – Ain’t No Stoppin’ Us now

William Onyeabor – Good Name

Steely Dan – Do It Again

The Antlers – Hotel

Tweedy – Wait For Love

Royce Wood Junior – Rover

I Love Makonnen – Tuesday (feat. Drake)

The Neighbourhood (feat. Raury) – War

The Smiths – This Charming Man

Lamont Dozier – Going Back to My Roots

Kwamie Luv – Comin Thru

Gilberto Gil – Palco

Jocelyn Brown – Somebody Else’s Guy

Was (not Was) – Out Come the Freaks

The Dø – Anita No!

Talking Heads – This Must Be The Place (Naive Melody)

Zebra Katz – Lst Ctrl

We Were Evergreen – Eggs

Bryan Ferry – Don’t Stop the Dance

Silk Rhodes – Pains

Lowell – 88

S U R A H N – Watching The World

Ephemerals – You Made Us Change

Booker T. Jones – Rent Party

Baby’s Gang – Happy Song

Crocodiles – Heavy metal Clouds

Jimmy Hendrix – Somewhere

James Brown – Public Enemy #1 Pt1 & Pt.2

Lee Morgan – Hasaan’s Dream

Ike Quebec – Loie

Blossom Dearie – Plus Je T’embrasse

Suicide – Dream Baby Dream

Quilt – Arctic Shark

Elvis Presley – Are You Lonesome Tonight?

The Beach Boys – Ballad of Ole’Betsy

Dean Blunt – Papi

Publicité
Commentaires
JULIEN MIGNOT — PHOTOGRAPHE
  • Publie régulièrement dans les journaux tels que Libération, Vox Pop ou Le Monde. Photographie la musique, très souvent en version scène ou portrait, en résident à Pleyel ou en passant à la Cigale. Vous verrez surtout ici tout le reste...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Publicité