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JULIEN MIGNOT — PHOTOGRAPHE
1 novembre 2011

OCTOBRE 2011

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C'est un mois sans équinoxe. Un mois sans solstice, sans saison, sans fête. Un mois sans calendes susceptibles d'attester que le temps passe. Et comme l'on ferme les yeux pour s'endormir, octobre est passé. Ai-je rêvé ?
Dans l'ordre des choses, j'ai d'abord pansé. Les manches courtes, le t-shirts, l'été qui dérivait, ça n'a pas duré. Une plaie béante et des embruns salés sur la grève, j'ai renoncé à attendre ce qui arrive toujours seul. J'ai voulu tromper la nuit en traversant des nuées ardentes de reproches édulcorés, j'ai renoncé à attendre des vagues immuables et uniques, j'ai voulu me mentir comme on se chuchote des secrets à l'oreille.
Octobre est une nuit d'insomnie. Une nuit que l'on passe à compter les barrières plutôt que les moutons de ouate confortables, plutôt que de compter simplement sur soi.
Parfois j'ai cru voir l'ombre dorée de la lune au zénith se projeter sur le plafond, c'était à la moitié presque pile de mois-là. J'ai rêvé que j'étais un somnambule marchant sur un fil d'Ariane en plein Labyrinthe. J'ai rêvé d'une escale pour trouver le sens de ces vents béants qui soufflent sans obstacles et souffrent de liberté. J'ai rêvé que j'étais le boxeur de Barrico dans City, il me manquait un western pour compléter le tableau. Je tire plus vite que mon ombre, mais je n'avais pas de compte à régler. Il aurait fallu se flinguer dans le miroir, d'un coup, le matin, bam! son amour-propre en guise de munition. Coup de semonce, je manque de cartouche de rechange.
Je me souviens très bien de ce matin calme et frais comme un tableau dans le même miroir de la salle de bain. Je me souviens de ce rideau de pluie glacial qui a balayé définitivement l'été à l'heure du déjeuner. Les jolies matinées seraient désormais des promesses de printemps. C'était l'invention de l'automne en direct, le grand plongeon vers l'hiver, le frima lancinant qui parcoure les cimes comme un frisson et achève délicatement les dernières parures déjà dorées.
Octobre est une nuit éveillée qui succède à des jours sans lune. C'est l'horizon qui bascule. Vu d'ici, debout sur le perron d'une jetée fantastique qui domine une vague mère qui moutonne, la revanche de cette nuit sera ces anglaises qui frisent imperceptiblement sur mes tempes. Haletant, immobile, je sens mon cœur battre dedans.
S'il avait fallu raconter des histoires à dormir debout en octobre, j'aurai pu m'en sortir. Je suis resté debout, les yeux ouverts, face au vent, c'est tout, c'est déjà beaucoup.
Je devine la luxuriance tiède des feuilles rousses à l'horizon. Je tiens dans mes mains des scories encore tièdes qui pendent du cœur de nos nuits. Des mots me brulent les lèvres. J'articule sans un son. A moins que ce ne soit cet océan de pensée qui couvre les clapotis de ma langue qui claque.

— LES IMAGES D'OCTOBRE 2011 —



Clap Clap


The Kills — Future Start Slow
Friends — I'm His Girl
The Beatles — Savoy Trufle
Hanni El Khatib — Dead Wrong
Patrice Rushen — Haven't You Heard
80 Kidz — Frankie
Gotye — Somebody That I Used to Know (feat. Kimbra)
Roisin Murphy — Dear Miami
Cults — You know What I Mean
Rover — Birds
Feist — Caught a Long Wind
Dean & Britta — Moonshot
Feist — Anti-Pioneer
The Kills — The Last Goodbye
Sergio Fiorentino — Suite Bergamasque : III. Clair de Lune, Debussy
Goldstone Anthony, Holmes Ralph, Welsh Moray — Trio en Mi Bemol op. 100, Schubert


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Commentaires
JULIEN MIGNOT — PHOTOGRAPHE
  • Publie régulièrement dans les journaux tels que Libération, Vox Pop ou Le Monde. Photographie la musique, très souvent en version scène ou portrait, en résident à Pleyel ou en passant à la Cigale. Vous verrez surtout ici tout le reste...
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