NOVEMBRE 2011
En novembre j'ai rencontré des sosies d'inconnus qui ne m'ont pas donnés de grands signes de reconnaissance. Alors transparent, je me suis mis, en avançant, en prenant mon inspiration, à toucher le présent. Enfin.
C'est arrivé avec le mois.
Le premier ciel de novembre s'est gonflé. Doucement, jusqu'à qu'il touche terre. Les gouttes tendues circulaient de haut en bas. Il faisait si sombre que la nuit tombait en plein jour.
La brume habillait d'un flair les lampadaires. Un truc épais mais respirable et léger. Cet air visible, je l'absorbais en volutes.
C'était pareil dans le train ce matin, comme le ciel était bas, les couleurs disparaissent et ne restaient que les traits. Ils trainaient l'arasante structure de la caracasse, un monochrome sidérant. Il convenait parfaitement au déplacement et présidait à l'ambivalence d'un jour qui se levait ou qui se couchait.
C'était le décor, le temps ne compte plus.
La nuit nous appartient définitivement. Nous profitons de nos journées. Je trouve même des réponses pour plus tard. Des réponses à des questions que je ne me posais pas encore. Ou bien à des questions que je n'osais pas, alors, me poser.
La nuit dément le jour. La décroissance lumineuse rituelle à l'automne, le sombre qui se fond dans l'obscur, la ville qui étincelle... c'est une constellation qui nait à la vitesse de la lumière.
J'ai vu la nuit. Et quand tout fut en place, je t'ai enfin attendu du bout des lèvres, comme on attend le silence dans le tumulte de la ville.
Et puis il y a eu enfin cet été indien et des trucs incroyables comme des coups de klaxons aux feux verts. Une lumière totale, vaporisée, qui s'immisce dans chaque interstice.
En novembre, j'ai passé le cap. Est-ce ma trente et unième année commençant ? Etait-ce un mois avant ? Etait-ce la somme des hasards successifs et lointains qui m'avaient posés là? Finalement c'est peut-être le présent cet étrange brouillard qui m'entoure et qui dessine des formes sans jamais nous les montrer que lorsqu'elles adviennent. Je m'ancre, il bouge, je danse. Dans ce flou se détaille une à une des évidences insoupçonnées.
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Holly Golightly — There Is An End
Bobby Reed — Time Is Right For Love
Girma Beyene — Ene Negn Bay Manesh
Litz by Nikolai Lugansky — La Campanella & Etude N° 10 in F Minor
The Troggs — With A Girl Like You
The Box Tops — The Letter
Archie Bronson Outfit — Rituals
John Coltrane & Duke Ellington — In A Sentimental Mood
Al Stewart — Year Of The Cat
The Beatles — Girl
Serge Gainsbourg — Cha cha cha du Loup
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