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JULIEN MIGNOT — PHOTOGRAPHE
20 juillet 2012

MAI 2012

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Mai commence par une bonne nouvelle. Des vagues de rose avant l'heure. Des voyages embrumés et des réveils dorés. C'est Berlin puis Rome. Des cathédrales de souffrances qui vacillent et basculent en cascades.

Mai encore de la bourlingue en cadencée par des pas de nacre et de stuc, le marbre n'est pas en reste. L'échafaudage d'approche se construit comme une tour carrée, je suis bouleversé quand le miracle se produit, à quatre mètres à quatre mains du doigt de Dieu. On ne se rend pas compte ce qui peut bien infuser en respirant l'air de la Sixtine, l'œil aux cieux, le cœur battant. C'est le poids en âge de la voute qui flotte plus légèrement que l'air. C'est la perspective admirable de se retrouver au centre d'une œuvre.

Le lendemain, Saint-Pierre est seule, je dialogue en silence avec ces amis muets comme le Saint-Sépulcre, Michel-Ange, le Bernin, ils crèchent ici, c'est la lumière qui le dicte. Puis c'est le tumulte, seul à seul avec la Piéta. Plus fort encore que la voute du Maître. Le Saint des Saints de la sculpture. Le marbre n'est plus marbre, la matière s'évanouit. Ce n'est plus que le vide infini des atomes que l'on peut contempler à perte de vue, réfléchis sur ces corps plus vivant que nature, qui leur donnent la dimension nécessaire à l'harmonie. De justesse je succombe et reste figé dans la contemplation la plus immédiate et concentrée. Le dialogue, entre hier et aujourd'hui est simplement physique. Une réaction ordinaire, comme si l'ultime était l'évidence.

Quand les touristes envahissent la place, je sors discrètement et croise le tombeau des papes, coi comme des carpes, drôle de bocal pontifical.
Le silence est nécessaire, bouche bée en arpentant la salle des cartes, le passif du géographe s'émeut, Rome est une fête aussi, et je trinque dans le Trastevere à la santé de mes pairs.

Berlin ou la mythologie de l'inaccessible. Je n'ai jamais pu prendre un avion pour partir. Je quitte Paris en train, à deux, c'est mieux. La ville et calme, le tumulte se brouille dans l'espace. Nous jouons à cache-cache dans la monumentale exposition de Mc Call, échos d'une architecture intérieure qui en dis plus long que l'autre exhibition voisine.Des gardiens jouent les statues contemporaines, rappelant l'attitude romaine des Saints. Je préfère, au demeurant, la compagnie éclairée qui arpente à mon bras Monceau et musées.

Mai est passé comme une carte postale envoyée de là où je ne suis déjà plus. Je ne crois pas que l'on puisse bien photographier ces merveilles romaines. Quand je compare les images, Berlin me paraît plus évident, accessible, géométrique. Il y a des choses qui nous dispense de les photographier. J'ai fait des photos égoïstement, comme un souvenir, comme pour garder la trace indélébile de ce moment unique à mon seul endroit.
Les voyages se muent en conversations silencieuses où le passé est un échos du présent. Je regarde le futur avec attention, nous ne sommes pas à l'abris, je garde les fous qui me servent de barricades.

 

— LES IMAGES DE MAI —

 

— L'orchestre sur Cène —

The Beatles // Rocky Racoon
The Black Keys // I Got Mine
Thelma Houston // Jumpin' Jack Flash
Jupiter // Girls Jus Want To Have Fun
Beach House // The Hours
Electric Guest // This Head I Hold

 

 

 

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JULIEN MIGNOT — PHOTOGRAPHE
  • Publie régulièrement dans les journaux tels que Libération, Vox Pop ou Le Monde. Photographie la musique, très souvent en version scène ou portrait, en résident à Pleyel ou en passant à la Cigale. Vous verrez surtout ici tout le reste...
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